Le kayak de mer permet des rencontres magiques. Celle qui nous est contée ici par Vincent en fait partie.
Ce sera le cadeau de Noël.
" JOUR DE CHANCE"
La mer est belle, le soleil de Galice brille sur la Ria de Pontevedra, une légère brise
du large maintient une température très agréable et un petit clapot. Tout m’invite à naviguer, mais ma coéquipière a déclaré forfait. Tant pis je vais faire un essai seul dans le K2 de 6m de
long.
Lester le compartiment avant avec des bouteilles d’eau, boucher l’hiloire avant avec la
jupe cheminée nouée et nous voilà dans l’eau, le Bélouga 2 et moi. Moi, pas trop fier au début, mais petit à petit je prends confiance.
La plage s’éloigne, je passe devant la jetée du port direction l’océan. Le rythme est
tranquille, pratiquement pas de trafic, je savoure, j’admire le paysage, et puis soudain je les aperçois assez loin, à deux kilomètres sur ma gauche à 10 heures, ils traversent la Ria en
diagonale, je voudrais les voir de près, si je bifurque sur tribord, nos routes pourraient se croiser, mais je suis trop lent, beaucoup trop lent. Rien ne coute d’essayer, je me mets à pagayer de
toutes mes forces vers un point de rencontre espéré mais improbable. Ils ont disparu, mais je sais qu’ils sont là et je donne mon maximum tout en gardant un œil sur ma gauche, et bientôt ils
apparaissent à nouveau. Ils ont fait un grand bout de chemin et j’ai beaucoup trop de retard pour espérer les croiser, mais je continue quand même, toujours à fond. Je veux y croire, ils vont
peut-être s’arrêter, ne pas se décourager. Les minutes passent, je souffle et transpire mais ne les vois plus, c’est perdu ils sont sans doute partis.
Tout à coup je sursaute, psschiiiiit , un très gros soufflement juste derrière moi, je
me retourne, ils sont là , à quelques mètres, je compte, un, deux, trois, quatre, cinq dauphins.
Ils sont venus me voir, je suis surpris par leur taille, par la taille de leur évent,
par la puissance de leur souffle, vu d’un kayak, assis dans l’eau, ce sont de gros animaux, impressionnants.
La peau est lisse, brillante, foncée presque noire avec des reflets métalliques, je ne
vois que leurs dos, la tête reste dans l’eau, ils perçoivent, ressentent, écoutent sans avoir trop besoin de regarder.
La nage est totalement silencieuse et sans aucune éclaboussure, quel contraste avec leur
imposante corpulence. Je les admire en continuant sur le même rythme et je fais beaucoup plus de bruit qu’eux à moi tout seul avec ma pagaie.
Rapidement ils ne nagent plus derrière, mais à coté du Kayak, à moins de deux mètres,
deux gros et un petit. Mais où sont passés les deux autres ? Angoisse, ils doivent être juste en dessous, d’une touchette ils peuvent me renverser. Je fais un effort pour me raisonner, ces
animaux sont dépourvus de la moindre agressivité envers l’homme, tout le monde sait ça.
Voilà qu’ils disparaissent aussi soudainement qu’ils sont
apparus.
Je baisse le rythme mais continue sur ma lancée, encore tout ému de la rencontre, un
sourire béat aux lèvres. Quelques minutes plus tard je les distingue au loin jouant autour d’un parc à moules, la discrétion n’est plus de rigueur, en voilà un qui sort complètement de l’eau, le
corps à la verticale et qui se laisse bruyamment retomber sur le dos au milieu des éclaboussures. Ils ont l’air heureux, ils ont du trouver du poisson .Je me dirige vers eux, mais ils replongent
et demeurent invisibles.
La fatigue se fait sentir. Cap sur une petite plage sur la droite pour un peu de repos,
et surprise, les voilà qui ressortent à gauche en sens inverse. On se croise un instant .
Ils plongent pour une nouvelle destination.
La plage s’approche, une lunule de sable blanc, l’eau devient turquoise, juste un peu
d’écume au contact du sable fin. Les photos des plages des Caraïbes, pareil.
. Je tire le bateau sur la plage, émerveillé, ravi d’être seul au milieu de cette
splendeur.
Seul ? Non pas tout à fait, occupé à accoster je ne l’avait pas remarquée, elle marche
au bord de l’eau et se dirige vers moi d’une démarche légèrement chaloupée. Elle sort de l’eau et ses cheveux noirs mi longs laissent encore échapper quelques goutes brillantes sur sa peau brunie
au soleil. Le string lui va bien… Je n’en dirai pas plus.
Elle est là en face de moi, me sourit et je la contemple en me demandant si c’est
vraiment mon jour de chance.
Sûr, je dois être super sexy avec ma jupe et mes bottines…
-« Olà ! »
-« Olà ! » et puis s’en va.
Je n’ose pas me retourner, faut pas rêver
Vincent
Le kayak de mer permet des rencontres magiques comme dit en introduction. Nous, les kayakistes de l'AST Kayak en avons fait l'expérience lors de notre séjour au Dramont. Par le biais d'internet et l'entremise de Doumé nous avons partagé ce séjour en Méditerranée avec Isabelle, Vincent et le Bélouga 2. Si nous n'avons pas vu de dauphins, nous avons apprécié la générosité et la gentillesse de nos Ariégeois.
Si, si Vincent, il faut rêver.
Merci pour ce texte. Tu es toujours le bienvenu sur le blog.
Merci aussi à Isabelle pour son éternel sourire ...............
A bientôt sur le bassin d'Arcachon.
André
Isabelle et Vincent. 12 septembre 2012, le matin, du coté de l'Estérel.